Analyse – Les clés du succès des Eagles
Le Super Bowl LII nous a donc offert un magnifique spectacle offensif, avec deux équipes qui se sont rendues coup pour coup durant toute la soirée. Au final, les Eagles l’ont emporté d’une manière digne des Patriots eux-mêmes. Plus réalistes, plus réguliers, ils ont su faire la différence en réussissant les bonnes actions aux bons moments.
Nick Foles, de backup à MVP du Super Bowl
L’une des grandes raisons de la victoire de Philadelphia est évidemment la performance de Nick Foles, que l’on n’attendait certainement pas à ce niveau. MVP du Super Bowl, Foles n’a pas été parfait évidemment, et ses receveurs l’ont bien aidé. La présence de Zach Ertz est toujours rassurante, la solution Corey Clements sur les RPO (Run Pass Option) est précieuse, et Alshon Jeffery a sorti quelques réceptions fabuleuses (dont sur son touchdown).
A l’image du match face aux Vikings, Foles est monté en puissance au fur et à mesure du match, et en deuxième mi-temps il a été capable de répondre à Tom Brady après chaque drive et touchdown des Pats. Après la pause, sa prestation est presque parfaite avec un 15/21 pour 158 yards et 2 TD. Symbole de sa confiance et de la confiance de ses coachs, sa réception en fin de première mi-temps est l’une des actions qui marquera ce match et l’histoire du Super Bowl.
Doug Pederson, Frank Reich (coordinateur offensif) et John DeFilippo (coach des QB) méritent des éloges pour le travail accompli avec Nick Foles, comme avec Carson Wentz. Deux autres coachs ont joué un rôle important dans la carrière de Foles et dans son succès de dimanche. Il y a d’abord Andy Reid qui l’a drafté à Philadelphia et qui l’a convaincu de ne pas arrêter le football (en 2016). Et il y a Chip Kelly, qui était son coach en 2013 lors de sa meilleure saison (Pro Bowl), et qui utilisait beaucoup de RPO que l’on a retrouvé chez les Eagles lors de ces playoffs.
Maintenant, Philadelphia doit prendre une décision sur Foles. Car même s’il est MVP du Super Bowl et un grand artisan du premier titre de Philadelphia, Carson Wentz est le quarterback de la franchise. Foles est sous contrat encore une saison avec les Eagles et devrait donc être sur le marché en 2019, à moins que les offres affluent des quatre coins du pays et qu’un transfert ne soit monté… Ou alors, il souhaitera rester à Philadelphia, et peut être débuter la saison si Wentz n’est pas encore remis à 100%… To be continued…
L’efficacité des Eagles sur 3rd down
Nick Foles et les Eagles avaient déjà été très performants dans ce domaine en finale de conférence. Face aux Vikings, le QB avait à lui seul converti 9 de ses 11 tentatives, et rappelons que Minnesota affichait l’une des meilleures défenses de l’histoire dans ce secteur avent ce match. Face à New England, ils ont de nouveau été très bons sur ces phases de jeu cruciales, en réussissant un 10 sur 16. Les Pats n’ont pas été mauvais non plus, avec 50% (5/10) de réussite, mais ils ont été bien moins performant sur la forme. Quand Tom Brady n’arrivait pas à attraper une passe de Danny Amendola sur 3rd down, Nick Foles marquait un touchdown juste avant la pause sur une action similaire. Même histoire lorsque les Pats tentent une course renversée avec Brandin Cooks, qui est stoppé en tentant un saute-mouton spectaculaire sur Rodney McLeod. Deux exemples parmi d’autres.
L’agressivité de Doug Pederson, notamment sur 4ème tentative, a payée, car les actions appelées étaient les bonnes et qu’elles ont été exécutées parfaitement par les joueurs.
Des erreurs peu communes des Pats
En général, les Patriots savent mieux que personne, profiter des petites erreurs adverses. Dimanche, ce sont eux qui ont commis ces erreurs et les Eagles ont su en tirer parti. Cela a commencé par le coaching, avec par exemple quelques moments de flottements inhabituels qui ont pu coûter cher. De plus, Matt Patricia n’a jamais été capable d’ajuster sa défense, alors que les Pats sont les maîtres en matière d’ajustements à la mi-temps.
Il y a également eu des erreurs peu communes au niveau des équipes spéciales, normalement irréprochables. Les Pats ont d’abord manqué un field-goal, à cause d’une mauvaise transmission entre le long snapper et le holder, avant que Gostkoswki ne manque une transformation. 4 points abandonnés en route donc.
Le quiproquo Malcolm Butler
Une des surprises du match a été de voir Malcolm Butler sur le banc. Le cornerback des Patriots était officiellement mis sur le côté pour des raisons « football »… Cette décision a fait que Eric Rowe est devenu le CB numéro 2, et que Johnson Bademosi s’est retrouvé sur le terrain alors qu’il a très peu joué cette saison et pas du tout en playoffs. Et on ne peut pas dire que les joueurs se sont illustrés. Rowe est battu par Alshon Jeffery sur le premier touchdown de Philadelphia, du coup Stephon Gilmore s’est concentré sur lui. Mais les autres receveurs se sont amusés face à Rowe et Bademosi.
La raison de l’absence de Malcolm Butler reste floue. Le joueur a déclaré à la fin du match que l’équipe « l’avait lâché ». On voit pourtant mal Belichick se priver d’un cornerback du talent de Butler, même si sa saison a été moyenne…
L’attaque des Pats a fait ce qu’il fallait, pas la défense
Globalement, la défense de New England n’a pas été au niveau de l’évènement. Trop peu solide pour contrer l’armada offensive des Eagles, il a également manqué un playmaker capable de faire l’action nécessaire, à l’image du sack/fumble décisif de Brandon Graham. Lors de leurs précédentes victoires, les Pats ont toujours eu un joueur défensif qui a surgit pour aider Tom Brady. L’année passée, Dont’a Hightower (blessé) avait forcé un fumble de Matt Ryan pendant leur comeback. Quelques années plus tôt, Malcolm Butler justement, avait intercepté la dernière passe de Russell Wilson pour offrir le Super Bowl XLIX aux Pats.
Car l’attaque des Pats a fait le travail. Même si Tom Brady perd la balle sur le seul sack du match, il faut tout de même noter que New England marque 33 points, gagne plus de 600 yards et que l’équipe n’a jamais punté. Des statistiques qui riment en général avec victoire. La défense de Jim Schwartz, qui avait limité les Falcons et les Vikings à moins de 10 points, n’a pas eu de réponse face à Tom Brady (505 yards, 3 TD) ou Rob Gronkowski (116 yards, 2 TD).