« Beast Mode », OFF …
Depuis que je me passionne pour la NFL, j’ai bien sûr toujours eu mes joueurs favoris. Sur le poste de running-back, le premier qui m’a fait rêver est LaDainian Tomlinson. J’ai également suivi Frank Gore de près puisqu’il a longtemps été le titulaire des 49ers, ma franchise de cœur. Mais lorsque que LT a quitté les terrains, il me fallait trouver un nouveau RB pour lequel je pouvais m’enflammer. Et en cette année 2011, un transfert allait m’aider dans mon choix, celui de Marshawn Lynch qui passait de Buffalo à Seattle. Comme je suivais naturellement la NFC West, je me suis rapidement attardé sur les performances et le style du numéro 24 des Seahawks, qui ne m’a pas déçu et m’a offert 4 saisons exceptionnelles alors qu’il jouait pour un rival de mes 49ers…
Lorsque le tweet laissant penser que Lynch prenait sa retraite est sorti, pendant la deuxième mi-temps du Super Bowl, je n’ai pas tout de suite réagi car j’étais plongé dans la finale. Mais lorsque j’ai revu cette paire de chaussure accrochée sur un câble téléphonique et tous les messages d’hommage à Marshawn Lynch, j’ai compris que le RB allait raccrocher pour de bon. Une annonce à son image, à la fois discrète mais impactante, comme une ponctuation d’une carrière atypique.
Une carrière de Hall of Famer ?
A 29 ans, Marshawn Lynch a donc décidé de mettre un terme à sa carrière. Drafté en 2006 (12ème choix) par Buffalo, il a fait la grande partie de ses dégâts après son transfert à Seattle au cours de la saison 2010. Cette année, il a vécu une saison compliquée à cause de plusieurs blessures qui l’ont écarté des terrains pendant 9 matchs. Sa carrière est donc assez courte, mais elle est peut être suffisante pour lui permettre d’être un jour au Hall of Fame. Car Lynch a en sa faveur les stats, le succès et les highlights.
Sur les 4 saisons précédentes (2011 à 2014), Lynch faisait partie des meilleurs running-back de la ligue et a mené l’attaque des Seahawks. Son ère à Seattle est certes moins longues que celle de Shaun Alexander mais sa période est la meilleure de l’histoire de la franchise. Depuis 2011, Lynch affiche des stats parmi les meilleures de la NFL. Il est 3ème en courses (1292), 3ème également en yards au sol (5774) et 1er en touchdowns (54). Il a dépassé les 1000 yards et les 10 TD sur ses 4 premières saisons avec Seattle. Il est également 2ème de la NFL en yards après contact (derrière Adrian Peterson), aspect qui lui a valu son surnom de « Beast Mode ». Et Lynch a été aussi été très brillant en playoffs, puisqu’il est 8ème dans l’histoire en yards au sol (937) et 3ème avec 6 matchs à plus de 100 yards. Des stats excellentes qui ont permis à Seattle de dominer la ligue puisqu’ils ont participé à 2 Super Bowl (1 victoire) grâce à leur défense et le jeu au sol. Aucune équipe n’a plus utilisé le jeu de courses que les Seahawks entre 2011 et 2014 (45.5%).
Marshawn Lynch raccroche finalement les crampons avec 2144 courses, 9112 yards, 74 TD et 4.3 yards par course en moyenne. Des stats comparables à celles d’Earl Campbell, membre du Hall of Fame…
Au-delà des stats et du succès, c’est le style du RB qui restera dans les mémoires. « Beast Mode » a forgé sa réputation avec son impact, sa puissance et sa capacité à faire manquer des plaquages aux défenseurs adverses. Plusieurs de ces courses sont mémorables, à l’image du fameux « Beast Quake » lors de la victoire des Seahawks face aux Saints lors du match des Wild-Cards de la saison 2011. Marshawn Lynch marque un touchdown de 67 yards en évitant un total de 9 tackles, pour le plus grand bonheur des fans. Le bruit dans le stade était tellement fort au moment de l’action que les sismographes de la région ont bougé (d’où le nom).
Mais Michael Robinson, un proche de Marshawn Lynch, confiait qu’il aimait plus les petits runs où il fallait aller chercher 1 ou 2 yards en s’arrachant. Il aimait le combat, adorait rentrer dans les défenseurs et était ainsi capable de transformer une perte de 2 yards en un gain de 2 yards.
Une personnalité atypique
Le personnage Marshawn Lynch est bien différent en dehors du terrain, plein de contrastes. Parfois coloré à l’image de ses bonbons préférés (skittles), souvent timide comme le montre son souci avec les médias. Lynch a collectionné les amendes car il refusait de parler ou même de venir aux conférences pourtant obligatoires. Pour éviter les sanctions, il a développé une technique de réponse, à savoir n’utiliser qu’une phrase et la répéter à tous les journalistes. On a donc eu du « I’m just here so i won’t get fined » (« je suis ici simplement pour ne pas être mis à l’amende »), du « Thanks for asking » (« merci de demander »), ou encore un simple « Yeah », le tout avec un ton sérieux et parfois un grand sourire.
Sa personnalité était la même avec ses coéquipiers. Il était parfois solitaire, capable de rester sur le terrain à la mi-temps alors que tout le monde est aux vestiaires. Mais il pouvait également être de bon conseil et blagueur. Il était surtout respecté par ses coéquipiers mais aussi par ses adversaires, une reconnaissance en somme de son talent de sa passion du jeu.
Son image solitaire ne l’empêchait pas d’être un team player. Ainsi lorsqu’un journaliste lui demande s’il a été « surpris de ne pas avoir la balle sur la dernière action du Super Bowl 49 », il répond que « non, car le football est un jeu d’équipe ». Une vision du jeu confirmée par son coéquipier à Seattle, le DE Cliff Avril, qui disait que « La majorité des mecs recherchent les stats, mais lui il ne s’en préoccupait pas. Et c’est unique pour un joueur offensif ». Tous ses coéquipiers ont tenu à honorer le running-back, Russell Wilson parle « d’honneur d’avoir joué avec l’un des meilleurs RB de l’histoire », et Richard Sherman se dit lui aussi « honoré d’avoir partagé le terrain avec lui ». Marshawn Lynch n’a donc jamais été préoccupé par sa légende, mais sa trace est bien là.
Et maintenant pour Seattle ?
Marshawn Lynch va laisser un vide dans le backfield des Seahawks, et la franchise doit maintenant se pencher sur son remplacement. Lors des 9 matchs manqués par Lynch cette saison, le rookie Thomas Rawls a marqué des points. En 13 matchs au total, il a totalisé 830 yards avec une très belle moyenne de 5.6 yards par course et il est le favori pour prendre le poste de titulaire en 2016. Mais les Seahawks chercheront peut être une nouvelle pépite disponible sur le marché ou un futur «Beast Mode 2 » lors de la Draft…