Dossier Superbowl LIII – Les Rams ont une histoire inachevée avec Los Angeles
Crées à Cleveland en 1936, les Rams ont connu une histoire mouvementée, marquée par plusieurs déménagements, ponctuée de quelques moments de grands football, et parfois engluée dans des périodes de disette. Partis de Los Angeles après avoir perdu l’engouement de la région, les Rams sont revenus avec l’intention d’écrire une page de l’histoire du football américain dans une ville où il est difficile de se faire une place.
Création et premiers succès à Cleveland
L’Ohio et la ville de Cleveland en particulier ont été des terres très porteuses pour la création d’équipes de football américain. Les Rams sont ainsi crées en 1936 par un avocat local, Homer Marshman, et un ancien joueur, Damon Wetzel. Les Cleveland Rams rejoignent ainsi l’American Football League, avait de rejoindre un an plus tard la National Football League. Le premier titre pour la franchise a lieu en 1945, qui s’avérera être la dernière saison à Cleveland.
A la conquête de l’ouest
En 1946, les Rams débarquent en effet à Los Angeles et font figure de pionniers dans le secteur du sport. La franchise négocie pour pouvoir jouer au Los Angeles Memorial Coliseum, qui pouvait accueillir plus de 100 000 personnes. Mais la contrepartie demandée est l’inclusion de joueurs afro-américains dans l’équipe des Rams, qui acceptent et qui brisent ainsi la barrière de la couleur de peau en intégrant Kenny Washington et Woody Stroode.
Les Rams rencontrent rapidement le succès à Los Angeles, avec notamment 4 finales nationales entre 1949 et 1955, dont un titre en 1951. Du fait d’une philosophie offensive novatrice, ils possèdent la meilleure attaque de la ligue, en utilisant notamment pour la première fois des vrais receveurs extérieurs. Les QB Bob Waterfield et Norm Van Brocklin, ainsi que les WR Elroy Hirsch et Tom Fears, sont les stars de cette équipe à cette période. Les bons résultats aident les Rams a vite devenir très populaire en Californie du Sud, avec des affluences moyennes à plus de 80 000 personnes lors de certaines saisons, alors que la moyenne de NFL oscillait entre 30 et 40 000 personnes.
Les succès se confirment ensuite, notamment sur la deuxième partie des années 60 et à la fin des années 70. La première période coïncide avec le fameux « Fearsome Foursome », qui était le surnom de la redoutable ligne défensive des Rams à ce moment, où des légendes comme Deacon Jones (Hall of Fame, 8 Pro Bowl, 8 All Pro, 2 DPOY) ou Merlin Olsen (Hall of Fame, 14 Pro Bowl, 8 All Pro) ont révolutionné leurs positions. Hélas, les Rams calent souvent en playoffs, face aux Cowboys ou aux Vikings, les deux poids lourds de la NFC. Dans le sillage de très bons joueurs, comme Vince Ferragamo (QB), Wendell Tyler (RB), Jack Youngblood (DE) ou Jack Reynolds (LB), la saison 1979-1980 est la bonne, puisqu’ils parviennent à atteindre le Superbowl. Mais la marche est de nouveau un peu haute, face à des Steelers qui conservent leur trophée.
Ce Superbowl est pourtant le début de la chute des Rams en Californie. Ces derniers doivent changer de stade pour aller jouer à Anaheim et voient les Raiders déménager à Los Angeles et récupérer le Coliseum. Des Raiders qui vont remporter le Superbowl en 1983 et ainsi attirer une partie des supporters de la ville. L’offre sportive pléthorique conforte cette baisse de popularité des Rams, puisque les Lakers sont au top en NBA, les Dodgers réussissent très bien en MLB et le grand Wayne Gretzky débarque chez les Kings en NHL. Les records d’Eric Dickerson et les bons résultats des années 80 ne changeront rien, et les Rams seront « forcés » de quitter Los Angeles en 1994.
Du show puis du froid à Saint Louis
En provenance d’une des plus grosses villes des Etats-Unis, les Rams débarquent à Saint-Louis, un marché beaucoup plus petit. Mais grâce à l’excellent coach Dick Vermeil, les débuts des Rams y sont plutôt très bons. Et quelques années seulement après leur départ de Los Angeles, cette équipe va devenir une attraction dans tous le pays grâce au « Greatest Show on Turf ». (Un focus sera fait plus tard dans la semaine).
Avant la saison 1999, rien ne laissait présager d’un tel scénario lorsque le QB Trent Green se blesse. Dick Vermeil donne alors sa confiance à Kurt Warner, un joueur non-drafté. Entouré par le RB Marshall Faulk, les receveurs Isaac Bruce et Torry Holt, ou encore le Tackle Orlando Pace, ce dernier va alors surprendre le monde en menant l’une des meilleures attaques de l’histoire et en allant remporter le premier Superbowl de l’histoire des Rams. Dick Vermeil passe alors le flambeau à son coordinateur offensif Mike Matz, et les Rams vont continuer sur leur lancée, participant notamment au Superbowl deux ans plus tard. Ils perdent alors face aux Patriots pour ce qui sera leur dernière apparition en finale jusqu’à cette saison.
Les Rams vont « logiquement » s’essouffler et entrer dans une période difficile à partir de 2005. La franchise enchaîne des saisons décevantes, avec notamment des coachs toujours en exercice aujourd’hui (on peut citer Scott Linehan ou Steve Spagnuolo). En 2009-2010, Stan Kroenke devient le nouveau propriétaire de la franchise. Malgré des débuts prometteurs d’un certains Sam Bradford et un Steven Jackson qui devient le RB le plus prolifique de l’histoire des Rams, l’équipe reste médiocre. Et pour ne rien arranger, un stade vétuste et un engouement en berne plombent l’ambiance. Un air de déjà-vu. Lorsque les négociations avec la ville de Saint Louis pour un nouveau stade échouent, Kroenke décide de ramener ses Rams à Los Angeles.
Retour à L.A et retour du succès
Le retour en Californie s’accompagne d’un projet de nouveau stade, qui sera inauguré en 2020 et qui accueillera le Superbowl en 2022. En attendant, les Rams retrouvent le Coliseum. L’engouement n’est pas exceptionnel au départ, surtout que la franchise végète dans la médiocrité sous les ordres de Jeff Fisher. Ce dernier est finalement renvoyé après la première saison à Los Angeles, et Sean McVay est recruté pour le remplacer. Le plus jeune coach de l’histoire (30 ans lors de sa nomination) va alors transformer les Rams et les faire revenir sur le devant de la scène dès sa première année. De plus mauvaise attaque de NFL avec Fisher (224 points marqués en 2016), ils passent meilleure attaque de la ligue (478 points) et remportent le NFC West à la surprise générale. La sortie dès le premier tour des playoffs met fin à la belle histoire, mais les Rams sont de retour. Un retour qui se confirme en 2018, puisque les Rams remportent de nouveau leur division, et se retrouvent aujourd’hui au Superbowl, 19 ans après leur dernière finale et face au même adversaire.