Richard Sherman : avec le coeur
Richard Sherman n’est pas le plus apprécié des footballers. C’est un fait. Mais on doit lui reconnaître une chose : il est à part.
« That’s the result you gonna get »
Beaucoup diront que c’est un joueur avec une énorme bouche, et n’auront pas forcément tort. Par contre, se donner à moitié ? Il ne sait pas faire.
Oui, nous parlons de ce genre de joueur. Un joueur qui peut trouver la force d’aller énerver quelqu’un presque deux fois plus lourd que lui, sans casque en lui disant « frappe moi à la tête ». Mais il est nécessaire de rappeler qu’entre une attitude enfantine et l’expression de la passion la plus pure, la ligne est fine. Sherman semble animé, transcendé par le jeu, son jeu. Comme le prouve son regard, le terrain le fait se transformer.
Il y a parler, et agir. Et rien de pire que de ne pas pouvoir assumer ses propos. Mais sur le terrain, il est un problème. Un gros. À l’heure d’écrire ces lignes, il est le joueur en activité comptant le plus d’interceptions, ni plus, ni moins. Celle qu’il causa en touchant les cieux de Seattle au dépends de Michael Crabtree est restée dans l’histoire.
« Who’s got my back ? »
Richard Sherman ne va pas tout seul. Quand on pense à lui, l’on pense aussi aux numéros 29 et 31 des Seahawks. La « Legion of Boom » et ses rois régnaient sur la ligue. Taillés dans la roche, Kam Chancellor et Earl Thomas formaient les deux complices idéaux pour Sherman. Les trois réunis étaient si compacts, si présents, si efficaces qu’il était compliqué de rivaliser. Supervisés par Pete Carroll, ils ont réussis à soulever le trophée Vince Lombardi en ne lâchant que huit points à Peyton Manning et ses Broncos en finale.
Comme de nombreux sports américains, le football est un sport de chiffres. De statistiques. Mais ces dernières ne comptent finalement pas tant que ça pour un joueur du profil de Sherman. Regarder le n°25, c’est regarder des souvenirs futurs. Qu’il soit dans votre équipe ou contre vous. C’est entendre un rire, communicatif pour certains, insupportables pour d’autres. C’est une partie de l’adolescence de beaucoup.
« Just Gotta’ stay positive … that’s all you can do »
Il est impossible de prédire le futur, mais il est quasiment certain que nous repenserons à lui avec nostalgie. Avec un petit sourire en coin, se disant « il n’a quand même pas fait ça ce jour là ? » ; mais libre à vous d’y ajouter une insulte, ce n’est pas le plus important.
Ce genre de joueur ne trahit pas. Il donne tout ce qu’il a. Ses larmes au Superbowl XLIX ne reflètent que son désir de vaincre, ce pourquoi il respire. Tout ça, en un réflexe de Malcolm Butler, venait de s’écrouler, de tomber en ruine. La poignée de main échangée entre lui et Brady représente beaucoup : la raison qui prend le dessus, nous montrant un homme mûr, comme décrit en dehors des terrains.
Les blessures remettent tout en question, mais qui croyait sincèrement que Richard Sherman allait finir sa carrière comme ça ? Peu importe s’il ne retrouve pas son niveau. Il se fait plaisir, et en donne énormément. C’est ce qu’il compte le plus, les chiffres passent après. Cette excitation répétée, cet enthousiasme extravagant qu’il partage avec nous – ou avec Marshawn Lynch – est mémorable et restera gravé.
Second life
De retour sur le terrain. Aujourd’hui, Richard Sherman fait le bonheur des San Francisco 49ers, et va disputer son troisième Superbowl ce dimanche. Après une saison régulière exceptionnelle (13-3), la formation s’est sorti avec brio de piégeux matchs de playoffs. La très rapide attaque des Kansas City Chiefs représente un vrai challenge pour la non moins efficace défense des rouges et or. Ainsi, il peut rentrer dans l’histoire. Du moins, à nouveau.
C’est un poumon supplémentaire, un vrai patron qui est capable de recadrer sa jeune équipe, de souder les rangs dans les moments compliqués. Méfions nous. Car une fois de plus, les bookmakers ne donnent pas les ‘Niners’ vainqueurs, et parier contre une équipe avec un joueur de ce calibre dos au mur est risqué.
Même si il ne fait pas l’unanimité, nous pouvons être heureux de voir quelqu’un avec du cœur. Un énorme cœur.
___ par Nicolas Pascual